En visite à Paris, le négociateur palestinien Ahmed Qoreï fait un bilan désabusé de la situation du processus de paix au Proche-Orient. Un an après Annapolis, les négociations peinent à avancer, d’une part à cause des dissensions politiques internes aux deux camps, et d’autre part à cause du non respect de la feuille de route.Qorei a souligné que les engagements pris à Annapolis n’ont pas été suivis d’effets côté israélien, notamment concernant l’arrêt de la colonisation, tandis que, affirme-t-il, l’autorité palestinienne a fait de nombreux progrès dans le domaine de la sécurité. Le négociateur palestinien regrette que le général William Fraser, nommé par les Etats-Unis pour observer l’application de la feuille de route, n’ait pas rendu son rapport.Qoreï a admis que les questions de politique interne tant du côté israélien que palestinien avaient entravé les discussions. En Israël, on se préoccupe moins des négociations que de la formation d’un nouveau gouvernement après les scandales qui ont poussé au départ le premier ministre Ehud Olmert. Côté Palestinien, les dissensions entre Fatah et Hamas ont conduit à une véritable division ; une réunion est convoquée le 8 novembre au Caire, à l’initiative de l’Egypte, en vue de la constitution d’un gouvernement d’union nationale composé de technocrates.C’est dans ce contexte trouble que le négociateur palestinien a rencontré, hier, le ministre français des affaires étrangères Bernard Kouchner. Ahmed Qorei espère que dans le cadre de la présidence française de l’Union Européenne, l’initiative arabe pour un plan de paix global pourra trouver des soutiens politiques forts.L’initiative arabe, proposée en 2002 par l’Arabie Saoudite et adoptée au sommet de la Ligue Arabe en 2007, a été réaffirmée lors du Forum de Doha en 2008, propose un règlement global du conflit israélo-palestinien et du conflit israélo-arabe, sur le principe de « la terre contre la paix » : les Etats arabes (rejoints par des Etats musulmans membres de l’Organisation de la Conférence Islamique) s’engagent à reconnaître Israël en échange de la création d’un Etat palestinien souverain. Israël n’a pas encore répondu à cette initiative, qui achoppe en particulier sur la question de Jérusalem et des réfugiés. Qoreï se réjouit cependant de l’intérêt récent pour cette initiative manifesté par Shimon Pérès, qui rencontre aujourd'hui le chef de l'Etat Egyptien à Charm el-Cheikh, et par Ehud Barak. La position de Tzipi Livni, qui va prendre la tête du gouvernement israélien, demeure incertaine à ce jour.
Si Qoreï compte sur un déblocage de la situation au niveau diplomatique, l’évolution de la situation sur le terrain n’engage pas à l’optimisme. Avec le développement des colonies en Cisjordanie, les arrestations et incarcérations (dont l’affaire du franco-palestinien Salah Hamouri n’est qu’un des nombreux exemples), les blocus routiers et les check-points qui entravent la circulation, la constitution d’un Etat palestinien indépendant et souverain apparaît de plus en plus problématique. Le négociateur admet que les Palestiniens vont peut être devoir se rabattre sur la solution d’un seul Etat pour deux peuples – une solution de plus en plus populaire parmi les groupes de soutien à la cause palestinienne, qui espèrent ainsi résoudre la question des discontinuités territoriales.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire