lundi 20 octobre 2008

Rouault à la Pinacothèque


L'exposition Rouault de la Pinacothèque présente des oeuvres magnifiques de la collection Idemitsu - un riche collectionneur japonais fasciné par le peintre français.


L'argument du commissaire de l'exposition peut se résumer ainsi: faire découvrir un nouveau Rouault, Rouault le Japonais, loin des idées ressassées sur la religiosité du peintre. Donc pas d'accrochage chronologique, pas d'accrochage thématique. Le résultat ne ressemble pas à grand chose en terme de propos pédagogique ou même de cohérence intellectuelle. On ne comprend pas l'organisation des oeuvres. Des tableaux qui se répondent ont été séparés, différentes époques mélangées de sorte qu'on perd le fil... L'idée que Rouault plaisait au Japon parce que sa peinture, cernant les contours de traits noirs vigoureux, ressemblerait aux calligraphies d'extrême-orient, est sans cesse affirmée sans pour autant se donner les moyens de convaincre. Ainsi, curieusement, au lieu de mettre en regard des oeuvres de Rouault des calligraphies japonaises, on a préféré placer des petites reproductions d'estampes, choisies en fonction d'une familiarité thématique sans que les différences stylistiques soient problématisées.

Cet argument est présenté, malheureusement, au détriment d'autres commentaires sur les sources d'inspiration du peintre. Les références aux contemporains (Matisse excepté) en sont complétement escamotées: nulle part il ne sera question de Toulouse-Lautrec et Degas, des Nabis et des expressionnistes, avec qui Rouault était pourtant en dialogue constant - et avec qui il partageait une même révolte contre la société, sa violence, ses laideurs.

La beauté des oeuvres sauve l'exposition. On retiendra notamment ces beaux portraits stylisés, encadrés dans le cadre pour les placer encore davantage dans la représentation, et qui irradient de couleur entre les cernes noirs, icônes profanes. Les clowns plâtrés, à la limite de la sculpture tant la peinture y est travaillée en relief, et permet un jeu de la lumière sur la surface du tableau. Le traitement extrêmement humaniste des thèmes religieux, qui rappellent l'expérience douloureuse de la souffrance et de la guerre.

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