jeudi 10 mai 2012

La vie après

Le film raconte l'histoire d'une jeune femme qui épouse son amoureux à Pripiets un 26 avril 1986 ; le printemps est chaud et orageux ; une insouciance champêtre illumine les visages. Mais l'amoureux doit quitter la noce : pompier, il est appelé sur un incendie. Anya se réveille seule le lendemain. Le soleil illumine sa chambre mais, dans sa cage, son canari est mort. Le téléphone s'obstine dans un mutisme exaspérant. Elle hésite entre la colère et l'inquiétude. Se rend à l'hôpital, pâle. Une infirmière sèche consulte ses papiers et lui dit qu'elle ne reverra jamais son amoureux : il a été grièvement brûlé et va être transféré à Moscou ; il est si radioactif, Piotr, qu'il est devenu un réacteur à lui seul. Suivent l'évacuation de la ville "la plus moderne d'Ukraine", le quotidien ailleurs, le retour impossible et l'exil tout aussi inacceptable.

Une catastrophe nucléaire, ce n'est pas un accident technologique. C'est la destruction de l'amour. La destruction de l'avenir. La destruction de l'espoir. La condamnation à l'errance sur une terre devenue maudite et à laquelle malgré tout on est attaché, parce qu'en dépit de son nom, Tchernobyl ("l'Absinthe", breuvage de l'oubli) est celle qu'on ne peut oublier.



"La Terre Outragée" n'est pas un film militant, et ce n'est pas pour des raisons militantes que je conseille d'y aller. Je ne m'empêcherai pas toutefois de rappeler que Lyon, par exemple, est à une vingtaine de kilomètres seulement de la centrale de Bugey, dont les réacteurs ont dépassé les trente ans pour lesquels ils ont été conçus. Dit ainsi cela n'a l'air de rien. D'où l'intérêt du film.