mardi 18 décembre 2012

Les bêtes du sud sauvage

Le Bassin est une contrée à la marge, loin de la ville et de ses usines, à la lisière de la mer qui risque de nous engloutir tous. Hushpuppy y vit avec son père alcoolique et le vieux t-shirt qui lui rappelle sa maman. Ils ne sont qu'une poignée de résistants à refuser de quitter le bayou, malgré la tempête, malgré la montée des eaux, malgré la venue des bêtes sauvages terrifiantes. C'est une famille un peu déglinguée, faite de bric et de broc, brinquebalante comme dans les cabanes dans lesquelles ils vivent, mais, comme ces cabanes qui se transforment en radeau et flottent, ils se tiennent la tête hors de l'eau. Lorsque quelqu'un meurt, on boit et on chante pour ne pas pleurer. Il ne faut pas pleurer, ne pas être faible, cela attire les bêtes sauvages qui vont nous dévorer.

Ancré dans la Louisiane, ses paysages et ses musiques, les Bêtes du Sud Sauvage est une parabole sur la catastrophe (Katrina), la violence de la société américaine, la vulnérabilité des marginaux. Mais c'est surtout un conte poétique et puissant, porté par le regard d'un enfant, petite fille-petit mec à la chevelure folle et au regard intense, qui écoute battre le coeur des animaux. Placée de force dans un refuge aseptisé, déguisée en petite fille, elle n'est plus elle-même : son monde, c'est celui de l'autre côté de la digue, du côté de la nature et des éléments, même destructeurs, morbides et terrifiants. Hushpuppy, c'est celle qui fait des bras de fer contre un père qu'elle voit mourir, casse les crabes à mains nue, et affronte les aurochs.

Faut-il en rajouter ? c'est un film formidable, il faut aller le voir.


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