samedi 31 juillet 2010

Retour sur l'Iran

... à l'occasion d'une exposition-performance à la maison des Métallos, par le collectif "Ruban Vert". Le vert, on l'aura retenu, est la couleur des partisans de Moussavi, puis de l'ensemble de l'opposition à Ahmadinejad lorsque ce dernier a confisqué les élections de juin 2009. Vert couleur de l'islam devenue si subversive, aux yeux des gouvernants de la république islamique, qu'elle en a été interdite, "lorsque nous nous sommes aperçus que la police surveillait qui achetait de la peinture verte dans les magasins, nous nous sommes mis à acheter du bleu et du jaune, et nous avons fait le mélange nous-mêmes".

L'exposition retrace, à travers de tels témoignages, les moments de la révolte populaire, les manifestations de rue, la répression, les arrestations ; mais surtout elle met en scène l'originalité du mouvement et sa créativité, à travers une mobilisation inédite du religieux et du technologique, de performances spontanées dont les artistes du collectif Ruban Vert se font les passeurs.
Mobilisation du religieux car les partisans de Moussavi (l'un des fondateurs de la République Islamique) revendiquaient explicitement leur légitimité religieuse contre Ahmadinejad et le guide Khamenei (lequel avait pris la place de Guide Suprême contre le successeur désigné de l'imam Khomeyni) ; parfois (et en particulier pour la jeunesse urbaine) cette mobilisation pouvait n'être qu'instrumentale : par exemple porter un portrait de Khomeyni sur soi pendant les manifestations pour n'être pas battu par la police; ou tenir avec soi son chapelet vert, comme le raconte l'un des artistes du collectif Ruban Vert dans l'exposition d'objets-témoins: "Quand je me retrouve face aux flics avec leurs bâtons et leurs habits effrayants, je sors mon chapelet, je le bouge devant leurs yeux et je récite mes prières. Après, quand les gens se réunissent et au moment de lancer les slogans, je le mets autour de mon poignet, et ainsi il devient mon bracelet vert". Dans le contexte iranien, cette mobilisation du religieux a un sens profondément révolutionnaire, renvoyant aux journées de 1979, lorsque le peuple criait "Dieu est grand" sur les toits pour dénoncer la bassesse de leur dictateur, lorsque l'appel à la transcendance visait à démasquer les supercheries du pouvoir temporel. L'installation sonore recréant l'ambiance des nuits de Téhéran par des hauts parleurs placés dans une chambre noire est un impressionnant témoignage vivant, transmettant non pas un document mais une expérience.
Mobilisation de la technologie aussi, car les citoyens d'Iran à qui l'on avait retiré le droit de cité, en leur volant leur vote, retrouvaient une voix dans les espaces publics virtuels d'internet (voir l'article de Libé): jamais un mouvement populaire ne fut autant filmé par ses participants, qui apportaient chacun leur point de vue à travers l'objectif de leur téléphone portable, et l'envoyaient comme témoignage au monde sur les sites et réseaux sociaux virtuels, en utilisant proxys et fausses adresses ip pour déjouer les censeurs du régime. Twitter et Facebook devinrent des hauts lieux de la mobilisation et de l'information, contournant les interdits. Le collectif Ruban Vert reprend ces matériaux (vidéos, messages twitters...) comme matière artistique à installations et performances. Les documents sont déroutants, mettent le spectateur-témoin en situation de "temps réel" étourdissant; surtout, ces installations et performances illustrent l'éclatement des "mass média" par les nouvelles technologies qui brisent l'unicité de la voix, démultiplient les angles et perspectives.

mercredi 28 juillet 2010

A propos des Roms


Puisque la chasse aux Roms est lancée dans le pays, Sarkozy ayant décrété qu'il fallait expulser tous les campements illégaux, il est urgent de se poser un peu pour réfléchir... Les Tsiganes (souvent Roumains ou Bulgares) qui s'entassent dans la misère à la périphérie des villes ont bien mauvaise réputation ; ils font la manche, volent parfois, détournent l'électricité et squattent des terrains en friche. Leurs campements sont entourés d'ordures, leurs enfants ne vont pas à l'école. Ils sont dans l'imaginaire collectif les nouveaux barbares qui viennent envahir nos existences paisibles.
Comme les zonards qui peuplaient les marges de la ville (déplacés de l'exode rural, migrants politiques ou main-d'oeuvre en quête de labeur, vivaient dans la fange et acceptaient des conditions terribles dans l'espoir qu'un jour les lumières de la métropole brilleraient pour eux, les Tsiganes sont les laissés-pour compte des mutations politico-économiques de l'Europe. Ce n'est pas la Roumanie (ni la Bulgarie) qui peut résoudre le "problème rom", et ce ne sont pas les expulsions qui mettront fin à l'afflux de populations miséreuses qui cherchent par la mendicité à simplement survivre. Il n'est pas question ici de faire de la victimologie, de ne traiter les tsiganes que comme les victimes d'un racisme séculaire qui les maintient à l'écart ; prendre en compte le poids de l'histoire, pourtant, n'est pas inutile lorsqu'il s'agit d'une population toujours stigmatisée, réduite en esclavage jusqu'au 19e siècle en Roumanie, déportée par les Nazis, et déstructurée par l'entreprise communiste de création d'un homme nouveau. On comprend que les Tsiganes se méfient du système, des institutions, et des "gadjé", ces autres toujours un peu menaçants. Leurs formes de résistance sont aussi de l'auto-exclusion. Mais le sort de leurs communautés à la dérive dans l'archipel des métropoles européennes ne peut être résolu simplement par des manoeuvres policières. Ce serait de la violence gratuite, indécente de la part de l'Etat, et déplacée lorsqu'il s'agit de répondre à un fait divers qui n'a rien à voir avec ces populations migrantes.
(photo: bords du canal de l'ourcq, mardi 27 juillet 2010)

mardi 20 juillet 2010

Jeu concours de l'été


Question à 10 carambars: où se trouve cet endroit champêtre (mes compagnons de promenade sont hors compétition)