mercredi 28 juillet 2010
A propos des Roms
Puisque la chasse aux Roms est lancée dans le pays, Sarkozy ayant décrété qu'il fallait expulser tous les campements illégaux, il est urgent de se poser un peu pour réfléchir... Les Tsiganes (souvent Roumains ou Bulgares) qui s'entassent dans la misère à la périphérie des villes ont bien mauvaise réputation ; ils font la manche, volent parfois, détournent l'électricité et squattent des terrains en friche. Leurs campements sont entourés d'ordures, leurs enfants ne vont pas à l'école. Ils sont dans l'imaginaire collectif les nouveaux barbares qui viennent envahir nos existences paisibles.
Comme les zonards qui peuplaient les marges de la ville (déplacés de l'exode rural, migrants politiques ou main-d'oeuvre en quête de labeur, vivaient dans la fange et acceptaient des conditions terribles dans l'espoir qu'un jour les lumières de la métropole brilleraient pour eux, les Tsiganes sont les laissés-pour compte des mutations politico-économiques de l'Europe. Ce n'est pas la Roumanie (ni la Bulgarie) qui peut résoudre le "problème rom", et ce ne sont pas les expulsions qui mettront fin à l'afflux de populations miséreuses qui cherchent par la mendicité à simplement survivre. Il n'est pas question ici de faire de la victimologie, de ne traiter les tsiganes que comme les victimes d'un racisme séculaire qui les maintient à l'écart ; prendre en compte le poids de l'histoire, pourtant, n'est pas inutile lorsqu'il s'agit d'une population toujours stigmatisée, réduite en esclavage jusqu'au 19e siècle en Roumanie, déportée par les Nazis, et déstructurée par l'entreprise communiste de création d'un homme nouveau. On comprend que les Tsiganes se méfient du système, des institutions, et des "gadjé", ces autres toujours un peu menaçants. Leurs formes de résistance sont aussi de l'auto-exclusion. Mais le sort de leurs communautés à la dérive dans l'archipel des métropoles européennes ne peut être résolu simplement par des manoeuvres policières. Ce serait de la violence gratuite, indécente de la part de l'Etat, et déplacée lorsqu'il s'agit de répondre à un fait divers qui n'a rien à voir avec ces populations migrantes.
(photo: bords du canal de l'ourcq, mardi 27 juillet 2010)
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